épuisé
Les formes du relief

Jérémie Gindre

«Quand il arrive enfin à la cascade, Douglas est complètement ahuri. Le manque de souffle s’ajoute au vertige inversé que lui inflige une falaise de plusieurs dizaines de mètres d’aplomb. Tout là-haut, une couronne de sapins rachitiques cerne le jet blanc de la chute d’eau, qui se disperse en larges rideaux de volutes plongeantes (…)»

«On dirait que le poids de l’eau varie en différents points de sa chute, ce qui n’est pas possible. La falaise porte les marques du passage relativement récent d’un glacier, dont l’énorme masse a râpé les flancs. Dans les Montagnes Rocheuses, on trouve une vallée géologiquement similaire nommée Yoho, l’équivalent indien de «waouh». Les affluents de sa rivière se rassemblent au fil des combes pour finir par se précipiter du haut d’une falaise semblable et former la chute Takakkaw, qui signifie «c’est merveilleux». Manifestement, Douglas éprouve un ravissement universel. Son corps n’a plus la même pesanteur, sa vision focalise sur plusieurs centres à la fois, sa respiration se cale sur l’afflux déferlant. Au bout d’un moment, il s’assied quand même pour manger une pomme tirée du sac.»
Jérémie Gindre.